PROSPECT 15
UNE EXPERIENCE DE TRANSCOMMUNALITE COORDONNEE
Grande précarité 2017

Suite aux réunions tenues en 2016 (CPAS/PCS), la question de la grande précarité suscite une interrogation: quelles infrastructures d'accueil d'urgence une région rurale peut-elle proposer?

Se retrouver à la rue! Que nous y soyons nous-mêmes confrontés ou que ce soit via un proche, un ami, un voisin, la grande précarité est une réalité qui peut nous concerner. Les raisons en sont multiples: violence conjugale, arrêté d’insalubrité, expulsion, sortie de prison, difficultés financières momentanées ou récurrentes,… On parle alors de situations de déprivation matérielle, définie comme l'incapacité de posséder les biens et services et/ou de se livrer à des activités considérées comme ordinaires et/ou nécessaires dans la société où l'on vit. Dans les grandes villes, des structures sont en place afin de faire face à ce type de situation. Ce sont les relais sociaux, au nombre de sept en Wallonie. Mais qu’en est-il dans les campagnes? La discrimination géographique est, comme souvent, très marquée. Dans l’arrondissement de Dinant, où la grande précarité est réelle, rien n’existe à l'instar des grands pôles pour répondre à ces situations d'urgence. Les personnes dans le besoin sont alors envoyées à l’hôtel (et même parfois en cellule de dégrisement) ou bien redirigées vers d’autres villes, notamment celles où un relais social est organisé et disposant d’un abri de nuit.

Partant de ce constat, les coordinateurs/trices de Plan de Cohésion Sociale (PCS) et les Président(e)s de CPAS de l'arrondissement se sont réunis au sein du Comité d’Orientation Social (COS) de Prospect 15etc pour réfléchir à cette problématique, notamment dans le cadre des logements d'urgence. Avec l’aide de l’Institut Wallon de l’Evaluation, de la Prospective et de la Statistique (IWEPS), les participant(e)s ont fait le point sur la situation du territoire concerné. Afin de renforcer une future interpellation des pouvoirs publics, l’idée de réaliser une étude chiffrée, précise et générale de la réalité du logement d'urgence, qui viendrait relayer les besoins de l’arrondissement, s’est imposée. Un questionnaire est né, fruit de cette collaboration IWEPS-PCS-CPAS. Mais, en quoi une analyse statistique peut-elle répondre à un besoin matériel tel qu’un logement d’urgence? Parce qu’afin d’élaborer une solution la plus adaptée à une situation, il est capital de connaître cette dernière dans les moindres détails. L’objectif de cette action est donc bien de réunir des données de manière scientifique afin que celles-ci puissent constituer une base solide pour soutenir un projet transcommunal dans le futur. Trop souvent, c’est le travail de terrain qui doit s’adapter aux structures mises en place par le politique. Par cette démarche, les initiateurs de l’analyse cherchent à changer la donne et à mettre à profit ce que l'on peut apprendre de l’action sociale dans son application journalière pour éclairer une démarche politique.

Des coordinateurs/trices de PCS, en collaboration avec les CPAS et divers autres partenaires locaux (abbayes, police, maisons d’accueil,…) se sont donc attelés à la tâche pour mener à bien cette enquête d’envergure, se déroulant durant un an, dans chacun des lieux concernés par la problématique de la précarité du logement. Cette action a débuté en janvier 2016 et prend fin en décembre 2017. Affaire à suivre.

Entretemps, une rencontre a eu lieu au Relais social de Namur. C'est Nicolas Hissette, coordinateur adjoint qui informe sur le fonctionnement du Relais Social Urbain Namurois (RSUN).

 

La situation fin 2017 est la suivante:

  1. la collecte des données (qui se sera étalée sur deux années) se poursuit jusque décembre 2017. Les infos seront plus complètes et tiendront davantage compte de facteurs externes comme le climat, l'attention portée lors de la première partie de la collecte de données, la mobilité de la précarité entre villes et communes plus petites,…
  2. la collaboration avec l'IWEPS se poursuit dans l'objectif de croiser les données avec les infos wallonnes et la réalité du terrain de l'arrondissement;
  3. la poursuite de l'information aux partenaires et notamment la rencontre, cette année, sur la thématique du Dispositif d’Urgence Sociale (DUS), en présence d’une personne de la DGO5 (Département de l’Action Sociale). Cette rencontre devrait permettre de se focaliser sur la meilleure forme d'action entre les six partenaires concernés dans le COS/PCS (Ciney, Dinant, Hastière, Onhaye, Yvoir, Vresse s/ Semois).

En novembre 2017, une rencontre de travail réunit  les représentantes et représentants des CPAS/PCS concernés de l'arrondissement autour de Christine Ramelot (DGO5). Au terme de la présentation exhaustive des pros et cons de l'alternative Relais social ou dispositif d'urgence sociale, il apparait utile de poursuivre la réflexion dans le cadre à présent circonscrit du DUS. Parlons donc de ce dispositif.

Depuis 1994, suite au transfert des compétences sociales de la Communauté française (les accords de la Saint-Michel), la Région wallonne soutient les initiatives particulières en matière d'urgence sociale menées par les centres publics d'aide sociale de Charleroi, Liège, Verviers, La Louvière, Mons et de Namur. Ces initiatives ont pour objectif de permettre à toute personne qui se trouve en situation de détresse sociale d'obtenir une aide rapide, sur place si nécessaire, quel que soit le moment de la journée ou de la nuit. A cet effet, des permanences 24h/24 sont assurées au sein de chaque organisme par des travailleurs sociaux ayant l'expérience des difficultés de terrain et connaissant bien la dynamique des problèmes sociaux. En cas de situation de détresse, les personnes assurant la garde peuvent être contactées sur simple appel téléphonique ou en se présentant auprès des permanences prévues à cet effet.

Les aides apportées varient en fonction des situations et des moyens de chacun. Les problèmes les plus souvent rencontrés ont trait au besoin en matière de logement, aux situations de détresse accidentelle (rupture familiale, perte d'emploi, expulsion, ...) ainsi qu'aux états de crise liés à l'endettement et à la précarité financière en cas d'imprévu. Toutefois, ici aussi certaines problématiques semblent ressurgir avec une plus grande fréquence dans certaines régions; c'est le cas notamment à Liège en matière de toxicomanie, ainsi qu'à Namur en ce qui concerne "la détresse humaine".

En tout état de cause, le dispositif d'urgence sociale marque son utilité par sa capacité d'être à l'écoute des personnes en difficulté, de les orienter vers un service spécialisé - en fonction de l'aide à apporter - d'organiser de manière ponctuelle l'aide psychologique et matérielle, notamment pour ce qui concerne cette dernière, en matière d'hébergement, de nourriture, de chauffage …; bref, d'apporter une réponse immédiate au problème et d'accompagner la personne en difficulté dans sa recherche de solutions.

Pour résumer, les dispositifs d’urgence sociale doivent comporter les éléments suivants :

-                   Une permanence téléphonique 24 heures sur 24

-                   La possibilité de recourir aux services d’un agent capable d’assurer la prise en charge de la situation 24 heures sur 24 et d’assurer à la personne en situation de détresse l’aide nécessaire y compris le logement et la nourriture pour une courte durée.

-                   l’agent se rendra au besoin à tout moment sur le terrain afin de procéder à une évaluation de la situation et de son degré d’urgence. Sa mission consistera à assurer l’octroi de l’aide décrite ci-dessus et/ou à orienter la personne en difficulté vers les organismes compétents." (CPAS Namur)

Cette brève présentation faite aux participantes et participants semble déterminante et un suivi est planifié:

Court terme:

Présentation du projet par les personnes présentes à la réunion à leur CPAS.

Retour de ces rencontres à l'équipe d'animation de Prospect 15.

Convocation des CPAS intéressés par le projet à une réunion fin janvier.

Moyen terme:

Création d'un comité de travail pour avancer sur l'impact pratique d'un futur DUS sur les CPAS participants: évaluer les ressources mutualisables.

Mise au point d'un mode d'organisation qui tienne la route.

Rédaction d'une convention.